samedi 20 février 2016

La Vallée Dérangeante de Chrystel Duchamp et Eric Barge




Imaginez un monde où chaque individu pourrait se voir offrir la chance d’être parent. Un ingénieur en robotique a trouvé la solution à l’adoption pour tous, en la personne des « Lucioles », des androïdes ressemblant exactement à l’humain et capable d’éprouver toute la palette de sentiments et facultés nécessaires pour en faire un individu complet et un enfant parfait.
Seule contrainte à cette adoption robotisée : chaque Luciole devra être rendue arrivé l’âge de vingt ans pour le grand débranchement.
Bien entendu, quand Lana, notre héroïne Luciole, vit sa dernière journée, elle n’entend pas se faire désactiver, et son aventure va la mener à découvrir un complot d’échelle dans la relation entre l’Homme et l’androïde.

Le concept de « vallée dérangeante », développé par un roboticien japonais, nous explique que plus un androïde sera similaire à un être humain et tendra à s’y rapprocher physiquement dans son imitation, plus ses défauts et imperfections nous paraîtrons énormes et choquantes.
La création d’un androïde qui ressemblerait exactement à son modèle humain et la conscience dans la robotique sont des thèmes assez récurrents et appréciés de la littérature de science-fiction. De nombreux auteurs s’y sont prêtés, avec plus ou moins de succès, et Isaac Asimov a littéralement démocratisé ce sujet avec sa saga Les Robots.
Mais ici, ce qui démarre comme un roman d’anticipation sur la robotique, dans la lignée des grands auteurs SF comme Asimov, vire très rapidement dans le thriller puissant et aventurier avec un rythme montant crescendo grâce à son road-trip à travers l’Ouest américain, l’utilisation du point du point de vue narratif interne à la première personne et son découpage de chapitre par personnage.
Le tout sublimé par les illustrations très « pulp » d’Eric Barge.
Et c’est ce mélange qui fait aussi toute la force de La Vallée Dérangeante. L’appellation « thriller d’anticipation » sur la couverture est d’ailleurs très bien choisie.
Les personnages sont très intéressants et travaillés. Celui de Lana est véritablement attachant et nous permet de plonger dans le récit de manière très naturelle et impliquée.
Celui de James Smith, l’ingénieur mégalomane créateur des « Lucioles », voit son projet ambitieux, qu’il qualifie de son « Œuvre », comme un but presque biblique. On notera d’ailleurs que le roman est découpé en sept parties, respectivement nommées selon les sept jours de la création de la Terre par Dieu, où chaque partie commence par une épigraphe tirée de la Bible.

C’est donc un récit terriblement efficace et à la croisée des genres que nous offre à nouveau Chrystel Duchamp ; et l’objet en lui-même (couverture et illustrations) confirme une nouvelle fois la qualité de l’éditeur « Le Miroir Aux Nouvelles » après Celui qui chuchotait dans les Abysses et La boîte aux objets perdus.

Asimov a longtemps cherché son androïde parfait, Chrystel Duchamp l’a créé !



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