« Redrum », un simple mot qui nous a terrorisé à la lecture de Shining, sorti il y a maintenant plus de trente ans. Et bonne nouvelle très chers lecteurs, Danny Torrance est de retour, et par la même occasion, signe le retour d’un Stephen King au sommet de sa forme créatrice.
On retrouve donc Danny qui, devenu adulte, travaille à utiliser ses pouvoirs surnaturels (son don de Shining justement) dans un hospice pour « accompagner » les personnes en fin de vie. Ce qui lui doit le doux surnom de « Docteur Sleep ».
Il va y faire la rencontre d’Abra, jeune fillette de douze ans qui semble développer le même don que lui, et l’aider à fuir un inquiétant groupe de voyageurs immortels qui traquent les enfants télépathes pour se nourrir de leur « lumière ».
L’ambiance est parfaite et les personnages travaillés. Les méchants par exemple, une tribu appelée The True Knot (en VO), sont particulièrement réussis et flippants. D'apparence complètement inoffensifs, ils sont en réalité immortels et particulièrement violents, voyageant sans relâche à la recherche de nourriture, la lumière du Shining, torturant lentement leurs victimes avant de les dévorer pour s’en repaître. Le personnage de Danny est très singulier et complexe, pour le plus grand bonheur du lecteur. Car oui, Danny a malheureusement suivi les pas de son délabré de père. Alcoolique comme lui, il doit aussi faire face à ses démons intérieurs (un thème cher à Stephen King, et qu’il maîtrise depuis à merveille) et reste toujours profondément hanté par les événements de l’Overlook Hôtel et la peur de l’héritage meurtrier de papa Jack.
On sent fortement ici encore que Stephen King continue à exorciser ses propres démons à travers ses livres.
Côté écriture, encore une fois, c’est au-dessus de ses prédécesseurs. Je me répète mais, je trouve personnellement (cet avis n’engage que moi) que l’écriture de Stephen King, comme le bon vin, se bonifie avec le temps. Avec Docteur Sleep, même si elle n’égale pas les prouesses atteintes sur 22/11/63 par exemple, l’écriture de Saï King est largement plus posée et maîtrisée que ses écrits des années 90’ ou antérieurs.
Alors oui, forcément, on ne peut s’empêcher de faire la comparaison avec son prédécesseur (le roman, pas l’adaptation de Kubrick n’est-ce pas).
Mais ce serait là une grossière erreur car Docteur Sleep est à l’opposé sur bien des points à ce qu’a pu nous proposer Shining à l’époque. Même si les thèmes abordés sont fondamentalement semblables (famille, addiction à l’alcool, fantômes…), et les références légions (Overlook Hôtel, « Redrum », ou encore l’ami imaginaire de Danny), on avait avec Shining un roman oppressant, voire carrément claustrophobe. Ici l’horreur et la peur sont ailleurs, distillées dans un roman beaucoup plus expansif et contemporain.
Bien plus qu’une simple suite à Shining, Docteur Sleep est une écriture puissante, comparable à un Ça ou Le Fléau (oui, j’ai osé et je le revendique), où le fantastique est maîtrisé et efficace. Bref, un grand cru comme sait le faire Stephen King.
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