Il y a quarante ans, le gouvernement a mené une expérience secrète donnant naissance aux Six, une poignée d’hommes et de femmes génétiquement modifiés et exceptionnels à tous les niveaux.
Jason Taverner est un six. Il est devenu l’idole d’une société de consommation accro à la télévision et anime chaque soir son propre talk-show qui connaît un succès délirant.
Mais un matin, Jason s’aperçoit que personne ne le reconnaît. Ni ses millions de fans, ni même ses proches. Son émission n’existe plus et il semble tout bonnement avoir perdu son identité et disparu de la société qu’il incarnait pourtant à la perfection.
Et cette situation va empirer, surtout dans l’Etat totalitaire et ultra-policier dans lequel il vit, où un simple défaut de papiers peut l’envoyer pourrir dans un camp de travail pour le restant de ses jours.
Avec un titre original et poétique (Flow my tears, the policeman said en version originale), qui rend hommage au compositeur anglais John Dowland et sa chanson Flow my tears, Coulez mes larmes, dit le policier marque une étape cruciale dans les écris de Philip K.Dick, dévoilant le lien intime entre la SF et le mysticisme qui caractérisa la fin de sa vie (il écrira d’ailleurs un peu plus tard sa fameuse Trilogie Divine).
On retrouve dans ce roman des thèmes emblématiques (qui a dit obsessions ?) de l’auteur, très présents dans ses autres textes, comme Blade Runner ou Ubik. D’ailleurs, sur certains aspects, Coulez mes larmes, dit le policier peut être lu par certains comme un texte miroir à Ubik.
L’auteur s’attache à une exploration de la condition humaine dans une société policière et totalitaire et sa vision du futur (ou plutôt de l’Amérique du futur) est toujours réussie. Son paradis artificiel, malgré quelques descriptions qui ont mal vieilli (on note, à l’instar de Blade Runner, des voitures volantes), se veut surprenant et fait froid dans le dos par son réalisme.
Les personnages sont très fouillés et plus touchants qu’à l’habituel (on y parle même d’amour, chose rare chez K.Dick et qui mérite d’être notée), et les descriptions plus poussées, subtiles et réussies que dans ses autres œuvres. L’intrigue, quant à elle, est habillement menée, l’écriture fluide et prenante, différente et plus accessible que des textes comme Ubik.
Ce chef-d’œuvre apportera son lot de références et d’hommages comme celui du réalisateur Richard Kelly qui, dans son film Southland Tales, fable moderne et apocalyptique sur la chute de la société, nommera son personnage Taverner, du nom du héros.
Un dernier conseil pour ceux qui voudraient se plonger dans l’œuvre de Philip K.Dick, commencez par Coulez mes larmes, dit le policier, une excellente entrée en matière qui vous permettra d’aborder des textes plus difficiles de l’auteur par la suite.
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