lundi 11 janvier 2016

Wayward Pines de Blake Crouch




Bienvenue à Wayward Pines.
Bourgade idyllique de l’Idaho, Wayward Pines a tout l’air d’une ville paisible où il fait bon vivre. Même si sa clôture électrifiée qui en fait le tour et en bloque l’accès, ainsi que les caméras et la surveillance téléphonique omniprésente, peuvent laisser prétendre le contraire.
          C’est ici que son enquête a conduit Ethan Burke, agent des services secrets. Après un accident de voiture, il se réveille partiellement amnésique dans un hôpital presque vide de la ville.
Et c’est ici que ça se complique. En dehors du fait qu’il n’y ait étrangement aucun moyen de quitter la ville, c’est toute la population de Wayward Pines qui ment à Ethan Burke. Tous semblent cacher de lourds secrets. Plus troublant encore, chacun semble avoir été « amené » ici contre son gré, systématiquement à la suite d'un accident de voiture. Mais ça, personne ne doit en parler. On ne parle pas du passé d’ailleurs, c’est interdit. On se contente simplement de vivre joyeusement sa vie, et de surtout répondre au téléphone quand il sonne.

            Wayward Pines, nichée dans son paysage de carte postale, cache un mystère...
Blake Crouch démarre son roman (qui est une trilogie) comme un polar rondement bien ficelé, avec tous les codes du genre (un agent des services secrets à la vie personnelle agitée, une enquête sur des partenaires disparus, une atmosphère lourde de complots…)
Mais, peu à peu, les mystères s’éclaircissent, les pièces du puzzle s’assemblent, et la tournure que prend l’histoire nous fait basculer efficacement dans un récit de science-fiction. 
Et c’est là que Wayward Pines se démarque réellement de toute la production littéraire du genre.
L’autre coup de maître de cette trilogie, c’est son twist, qui apparaît relativement rapidement (à la fin du premier tome). Contrairement à de nombreux autres auteurs qui auraient choisi (la facilité ?) de laisser le dénouement final éclater pour créer un effet de surprise, Blake Crouch distille savoureusement ses révélations dès le premier tome, et se permet, avec talent, de continuer les deux suivants en plaçant ses personnages dans une situation complexe et intéressante de « Je connais la vérité. Maintenant, comment vais-je l’appréhender et vivre avec ? »
C’est une approche ingénieuse (mise en évidence par Hitchcock et son exemple de la bombe, expliquant ainsi la différence entre suspense et surprise) et Crouch l’a bien compris.
Le rythme s’enchaîne efficacement et la tension monte crescendo jusqu'au final explosif et surprenant.

            Wayward Pines est une trilogie à la croisée des genres, ingénieuse et terriblement percutante.


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