Alcatraz Smedry casse à peu près tout ce qu’il touche. C’est
pour cela que Miss Fletcher, son assistante sociale le change régulièrement de
famille d’accueil. Car Alcatraz est aussi orphelin. Du moins, le croit-il,
jusqu’à ce qu’il reçoive un étrange colis de son prétendu grand-père, qu’il
croyait décédé. Un colis qui contient tout son héritage en la forme d’un simple
sac de sable. Commence alors pour Alcatraz et son grand-père un peu frappadingue,
une étrange aventure qui les mène dans un monde dont peu connaissent l’existence.
Un monde appelé Royaumes Libres, et régit par d’infâmes bibliothécaires…
On retrouve avec plaisir, dans la saga Alcatraz (composée de 4 tomes), le talent narratif de Brandon Sanderson,
qui nous avait laissé avec l’excellente série Fils-des-Brumes. Même si Alcatraz
contre les infâmes bibliothécaires s’adresse clairement à un public plus
jeune que Fils-des-Brumes.
Chaque début de chapitre, Alcatraz, antihéros maladroit auquel
il est facile de s’identifier, s’adresse directement à nous, nous apostrophe et
nous implique dans son aventure (prétextes parfois aux plus délirantes digressions
comme son aversion pour le poisson pané), créant une complicité agréable pour
un public qui se veut plus jeune que dans les autres écrits de Sanderson.
L’intrigue s’enchaîne en un rythme fou sans interruption au
fil des pages, et, plus fort même, au fil des quatre romans. Tous les
ingrédients requis au genre sont présents. Du suspense, des retournements de
situations et coups de théâtre, une bonne dose d’humour et des personnages
loufoques et attachants en font une œuvre forte de la littérature fantastique
jeunesse.
On notera l’ingéniosité de casser l’image du bibliothécaire
en le transformant en génie du Mal. En limitant l’accès à la culture au lieu de
la transmettre par les livres, ces bibliothécaires malsains modifient les
Royaumes Libres en une dictature quasi-Orwellienne.
Petit plus, si on est assez attentif, on peut y trouver une
seconde lecture, très subtile, où Sanderson s’amuse à casser les stéréotypes du
genre fantasy (Pullman ou même Gemmell y sont cités) avec beaucoup d’humour et
d’originalité. Si toutefois, vous passiez à côté de ces références, cela ne
dérange pas le moins du monde la lecture fluide et joviale que nous offre
Alcatraz.
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