Imaginez un monde où chaque individu pourrait se
voir offrir la chance d’être parent. Un ingénieur en robotique a trouvé la
solution à l’adoption pour tous, en la personne des « Lucioles », des
androïdes ressemblant exactement à l’humain et capable d’éprouver toute la
palette de sentiments et facultés nécessaires pour en faire un individu complet
et un enfant parfait.
Seule contrainte à cette adoption robotisée : chaque Luciole
devra être rendue arrivé l’âge de vingt ans pour le grand débranchement.
Bien entendu, quand Lana, notre héroïne Luciole, vit sa dernière
journée, elle n’entend pas se faire désactiver, et son aventure va la mener à découvrir
un complot d’échelle dans la relation entre l’Homme et l’androïde.
Le concept de « vallée dérangeante »,
développé par un roboticien japonais, nous explique que plus un androïde sera
similaire à un être humain et tendra à s’y rapprocher physiquement dans son
imitation, plus ses défauts et imperfections nous paraîtrons énormes et
choquantes.
La création d’un androïde qui ressemblerait exactement
à son modèle humain et la conscience dans la robotique sont des thèmes assez
récurrents et appréciés de la littérature de science-fiction. De nombreux
auteurs s’y sont prêtés, avec plus ou moins de succès, et Isaac Asimov a littéralement
démocratisé ce sujet avec sa saga Les
Robots.
Mais ici, ce qui démarre comme un roman d’anticipation
sur la robotique, dans la lignée des grands auteurs SF comme Asimov, vire très
rapidement dans le thriller puissant et aventurier avec un rythme montant
crescendo grâce à son road-trip à travers l’Ouest américain, l’utilisation du
point du point de vue narratif interne à la première personne et son découpage
de chapitre par personnage.
Le tout sublimé par les illustrations très « pulp » d’Eric
Barge.
Et c’est ce mélange qui fait aussi toute la force de La Vallée Dérangeante. L’appellation « thriller
d’anticipation » sur la couverture est d’ailleurs très bien choisie.
Les personnages sont très intéressants et
travaillés. Celui de Lana est véritablement attachant et nous permet de plonger
dans le récit de manière très naturelle et impliquée.
Celui de James Smith, l’ingénieur mégalomane créateur des « Lucioles »,
voit son projet ambitieux, qu’il qualifie de son « Œuvre », comme un
but presque biblique. On notera d’ailleurs que le roman est découpé en sept
parties, respectivement nommées selon les sept jours de la création de la Terre
par Dieu, où chaque partie commence par une épigraphe tirée de la Bible.
C’est donc un récit terriblement efficace et à la
croisée des genres que nous offre à nouveau Chrystel Duchamp ; et l’objet en
lui-même (couverture et illustrations) confirme une nouvelle fois la qualité de
l’éditeur « Le Miroir Aux Nouvelles » après Celui qui chuchotait dans les Abysses et La boîte aux objets perdus.
Asimov a longtemps cherché son androïde parfait,
Chrystel Duchamp l’a créé !
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